On est moins seul au fond d'une รฉglise dรฉserte :
De son pรจre inquiet c'est la porte entr'ouverte ;
Lui qui bรฉnit l'enfant, mรชme aprรจs son dรฉpart,
Lui, qui ne dit jamais : ยซ N'entrez plus, c'est trop **** ! ยป
Moi, j'ai tardรฉ, seigneur, j'ai fui votre colรจre,
Comme l'enfant qui tremble ร la voix de son pรจre,
Se dรฉrobe au jardin tout pรขle, tout en pleurs,
Retient son souffle et met sa tรชte dans les fleurs ;
J'ai tardรฉ ! Retenant le souffle de ma plainte,
J'ai levรฉ mes deux mains entre vous et ma crainte ;
J'ai fait la morte ; et puis, en fermant bien les yeux,
Me croyant invisible aux lumiรจres des cieux,
Triste comme ร tรฉnรจbre au milieu de mon รขme,
Je fuyais. Mais, Seigneur ! votre incessante flamme,
Perรงait de mes dรฉtours les fragiles remparts,
Et dans mon cลur fermรฉ rentrait de toutes parts !
C'est lร que j'ai senti, de sa fuite lassรฉe,
Se retourner vers vous mon รขme dรฉlaissรฉe ;
Et me voilร pareille ร ce volage enfant,
Dรฉpouillรฉ par la ville, et qui n'a bien souvent
Que ses dรฉbiles mais pour voiler son visage,
Quand il dit ร son pรจre : Oh ! que n'ai-je รฉtรฉ sage !